Une femme s’arrête au bord d’un toit. La ville s’étend sous ses pieds comme un langage inconnu. Elle ne saute pas. Elle regarde. Le vide n’est pas en bas. Il est partout ailleurs, dans chaque mot qu’elle n’a jamais osé prononcer, dans chaque phrase qu’elle répète pour ne pas penser. Ce n’est pas la peur de tomber qui la retient, mais celle de lâcher l’histoire qu’elle raconte pour tenir debout. Elle se demande si le vertige vient vraiment de la hauteur, ou de cette possibilité brutale : ne plus savoir quoi dire si les mots familiers venaient à s’effondrer. Et si affronter la peur du vide, c’était surtout apprendre à se taire autrement ?
Face au vide, elle cherche les mots pour rester. (Image générée par DALLE d’OpenAI)
Quand le langage vacille, tout vacille
Il y a ces moments suspendus où la parole ne porte plus. Où chaque tentative d’énoncer se heurte à une paroi sourde. Entre chute et vertige, le langage, pourtant outil de structuration, s’effondre sous le poids de ce qu’il prétend contenir. Les mots, usés, ressassés, tournent à vide. Ils ne disent plus rien. Ils masquent. Ils fatiguent. Ils trahissent. Et la peur du vide, ce vertige derrière le silence, révèle l’enfermement dans un discours qui s’est imposé comme seule voie possible.
Le langage, loin d’être neutre, se montre tyrannique. Il impose une forme, une logique, une identité. Il devient l’armature invisible d’une subjectivité qui se répète sans fin, croyant se dire alors qu’elle ne fait que redire. Et c’est dans ce redoublement que l’identité vacille. Car à force de se raconter, on finit par ne plus savoir si l’on est ou si l’on joue un rôle écrit par d’autres.
Le silence comme seuil
Ne pas parler. Non pas se taire par repli, mais refuser de réduire ses maux aux mots habituels. Ne pas céder à la tentation d’une parole immédiate, mécanique, qui viendrait recouvrir ce qui cherche justement à surgir autrement. Il y a, dans ce refus, une audace. Celle de ne pas céder à l’illusion du contrôle par le langage. Celle de ne pas trahir l’expérience brute sous l’apparat du discours.
Car parfois, dire pour dire abîme davantage. Il faut s’écarter de la parole facile, celle qui rassure mais n’écoute rien. Il faut effleurer le silence comme on frôle une faille. Non pour s’y perdre, mais pour apprendre à entendre autrement. Le silence n’est pas absence. Il est densité. Il est matière. Il est savoir. Et ce savoir, qui ne se crie pas, peut devenir une boussole.
Le langage de l’autre, tremplin ou piège
Dans l’errance du langage, on convoite parfois les mots de l’autre. On les emprunte. On les fait siens. On les insère dans le récit pour y trouver un sens qui nous échappe. L’autre devient miroir, ou refuge. Mais dans cette appropriation, l’illusion peut se glisser : croire que dire avec ses mots suffit à se transformer, que répéter ce que l’on a entendu ailleurs permettra d’échapper à ce que l’on n’a pas encore osé dire.
Pourtant, c’est dans ce passage d’un langage à l’autre que quelque chose se joue. À condition de ne pas s’y perdre. À condition de ne pas croire que l’on est ce que l’on dit. Car chercher sa voix dans celle de l’autre, c’est souvent commencer à détruire l’illusion de l’identité stable. Ce n’est pas renier qui l’on est. C’est accepter de ne plus savoir ce que cela veut dire.
Dire autrement : vers un savoir du silence
Dire assez. Juste assez. Pour ne plus pouvoir dire comme avant. Pour que les mots d’hier deviennent inaccessibles, inutilisables. Ce déplacement est subtil, mais décisif. Il ne s’agit pas d’expliquer. Il s’agit de déployer. D’ouvrir. De laisser surgir ce qui, jusque-là, était masqué par la parole bien tournée.
Ce travail est un engagement. Une ascèse. Il demande de s’arracher aux automatismes, aux formules toutes faites. Il demande d’accepter de ne plus être sûr de rien. D’accepter que l’on puisse se perdre pour mieux se retrouver, autrement. Ce n’est pas une quête de vérité. C’est une traversée du mensonge ordinaire, celui qui se cache dans les évidences, dans les certitudes, dans les mots que tout le monde utilise sans les interroger.
Recommencer, encore
Quelque chose insiste. Demande à recommencer. Pas dans l’espoir de mieux dire, mais pour dire différemment. Pas pour maîtriser, mais pour rencontrer. Le langage devient ici un champ d’expérimentation. Un lieu de friction. Une faille. Il ne s’agit plus de trouver les bons mots, mais de se laisser affecter par ceux qui résistent. Ceux qui dérangent. Ceux qui échappent.
Dans l’accompagnement, cette répétition n’est pas un échec. Elle est une chance. Chaque séance, chaque prise de parole, chaque silence contient la possibilité d’un déplacement. D’une infime variation qui, comme un battement d’ailes, peut modifier tout un paysage intérieur. Ce n’est jamais spectaculaire. C’est organique. Un frémissement avant le basculement.
Le vertige comme seuil du changement
Les praticiens en hypnose le savent bien : il faut parfois frôler le vertige pour qu’un autre rapport au monde s’installe. Le langage, alors, devient matière à déconstruire. À ébranler. À transformer. Il n’est plus un outil de description, mais un vecteur de déplacement. Il ne s’agit plus de parler de soi, mais de parler depuis un autre lieu de soi.
L’hypnose ne vient pas ajouter une couche de discours. Elle vient déranger celui qui tournait en rond. Elle ouvre des portes que le langage ordinaire ne peut même pas nommer. Elle fait de l’inconnu un partenaire. Du silence, une source. De l’oubli, une opportunité. Ce qui se joue ici n’est pas une explication, mais une expérience.
Au bord du quai
Il se tient là, au bord du quai, sans billet, sans bagage. Une voix dans le haut-parleur annonce une destination qu’il ne comprend pas. Autour de lui, les autres montent, pressés, sûrs d’eux. Il reste. Ce n’est pas encore le bon moment. Ou peut-être n’y a-t-il pas de bon moment. Juste ce frémissement, cette attente. Quelque chose insiste. Demande à recommencer.
Et dans ce suspens, un espace s’ouvre. Le langage, jusque-là carcan, devient écho. Le silence, jusque-là inconfortable, devient soutien. Il n’a plus besoin de tout dire. Il n’a plus besoin de tout comprendre. Il accepte. La chute n’effraie plus. Le vertige devient seuil. Et c’est là, discrètement, que le changement commence.
(article créé avec la collaboration de Chat GPT d’OpenAI)