L’ennui radical : interruption nécessaire pour entendre l’inavouable

Dans une salle d’attente sans horloge, les minutes s’effondrent les unes sur les autres. Là, une femme regarde fixement le sol, son téléphone éteint. Aucun bruit, si ce n’est le frottement régulier d’un manteau contre le dossier d’une chaise. Elle ne soupire pas. Elle ne pense pas. Ou plutôt : quelque chose pense en elle, malgré elle. C’est à ce moment précis, quand elle croit que rien ne se passe, que tout commence. L’ennui prend le contrôle, comme une panne de signal qui laisse apparaître les parasites d’un autre monde. L’effondrement du fantasme, la perte de l’illusion d’attente, ne laisse qu’un silence tendu, saturé, presque obscène. L’ennui radical n’est pas un vide ; c’est un trop-plein qui déborde dans le silence. Il annonce un désir qui n’a pas encore trouvé sa forme, une vérité qui, pour surgir, a besoin de l’interruption. Alors, pourquoi ce moment où l’on croit qu’il ne se passe rien devient-il le seuil d’une révélation ?

Quand rien ne se passe, tout commence silencieusement. (Image générée par DALLE d’OpenAI)

Quand le silence parle plus fort que les mots

Il arrive que le monde se fige sans prévenir. Ce n’est pas une pause douce ni une respiration bienvenue. C’est un arrêt net, un blocage dans la trame de l’habitude, où tout semble continuer mais rien ne se tient vraiment. L’ennui radical ne vient pas comme une absence de stimulation. Il ne crée pas un manque mais déborde du quotidien. Il suinte entre les gestes, s’infiltre dans les conversations, et finit par noyer même les tentatives de distraction.

Ce n’est pas une panne du désir. C’est son cri muet. Quand il ne sait plus par où passer, le désir se tait. Non pas pour se cacher, mais parce qu’aucun mot ne peut encore le porter. L’ennui surgit alors comme un trop-plein de ce qui ne peut être dit. Un trop-plein masqué derrière le calme apparent. Et dans ce silence, quelque chose s’invite : non pas l’absence, mais le réel à l’état brut.

Ce que le vide contient

À première vue, l’ennui semble creuser un trou. On croit y voir du manque, un désert, l’absence de sens. Mais à mesure qu’on s’y attarde, ce vide se montre autrement. Il ne manque pas, il déborde. Il est si plein qu’on ne peut plus le traverser sans résister. Ce trop-plein, c’est une densité étrange, presque poisseuse, faite de tous les mots qui n’ont pas été dits. Des souvenirs qui flottent, des désirs confus, des vérités qu’on pensait enterrées.

C’est dans ce débordement que le fantasme chancelle. Ce que l’on croyait vouloir, ce que l’on racontait sur soi, commence à trembler. Les récits s’effondrent, les masques tombent. L’ennui radical n’a pas besoin de crier pour ébranler. Il suffit qu’il s’installe et, déjà, la structure vacille. Le personnage que l’on joue chaque jour perd son texte. Le décor s’efface. Il reste le silence, trop dense pour être confortable.

Quand l’ennui devient porte d’entrée vers l’inavouable

L’ennui n’est pas l’opposé du plaisir. Il est son revers. Là où le plaisir se manifeste, l’ennui révèle. Il met à nu, sans fard. Il oblige à regarder ce qui ne se dit pas. Pas encore. Pas comme ça. L’état d’ennui accentué devient alors une rupture. Un espace entre deux mondes : celui de l’apparence, et celui qui affleure, plus brut, plus archaïque, plus vrai. C’est à cet endroit précis que quelque chose peut émerger. Quelque chose que la parole, jusqu’ici, avait tenu à distance.

Cette cassure symbolique, quand elle survient, ne laisse pas indemne. Elle force un passage. Ce n’est pas une explosion spectaculaire. C’est un glissement, une bascule. Parfois imperceptible au regard extérieur, mais bouleversante de l’intérieur. L’ennui pousse au bord. Et c’est sur ce bord que l’inavouable tente de se dire, sous des formes encore informes, maladroites, hésitantes.

L’hypnose : cartographe de l’indicible

Quand les mots échouent, d’autres chemins peuvent être empruntés. L’hypnose ne cherche pas à remplir le vide. Elle ne cherche pas à distraire de l’ennui. Elle plonge dedans. Elle accueille le silence, le densifie, l’écoute. Dans cet espace suspendu, elle propose une autre forme de langage. Non pas celui qui décrit, mais celui qui touche. Le corps devient messager, les images prennent la parole. Ce qui ne pouvait se dire commence à se ressentir.

Il ne s’agit pas de forcer un sens, ni de plaquer une interprétation. L’hypnose permet justement d’habiter l’indéfini. De rester au seuil. Là où le désir n’a pas encore de nom mais commence à frémir. Elle ouvre un espace où le sujet peut enfin ne pas savoir, sans fuir. Et dans cet espace, quelque chose peut se transformer. Non pas guérir. Mais se reconfigurer. Se re-sentir. Se dire autrement.

La faille comme passage

Les moments d’ennui ne sont pas des accidents à corriger. Ils sont des passages. Des failles dans la structure du quotidien. Ils révèlent là où ça ne tient plus. Là où l’on ne tient plus. Mais c’est aussi dans ces failles que le vivant se glisse. On croit que tout s’arrête, mais c’est une naissance qui commence. Une gestation sans forme encore, sans objectif clair, mais qui déborde déjà.

Loin des injonctions habituelles à « aller mieux », ces instants appellent autre chose. Un affaissement volontaire. Un consentement à ne plus savoir ce que l’on veut, pour enfin écouter ce qui veut naître. L’ennui radical est ce moment où l’on ne peut plus faire semblant. On cesse de parler pour faire sens. On commence à parler pour entendre. Sans savoir ce qui sortira.

Un banc en béton, sous un lampadaire éteint

Il s’assoit sur le banc, tard le soir, au bord d’un rond-point déserté. Il ne sait pas pourquoi il est venu là. Peut-être pour éviter le silence de son appartement. Peut-être pour attendre quelque chose. Mais il ne sait pas quoi. Les voitures passent en grondant au loin. Le vent fait frissonner les peupliers. Une lumière jaune clignote, sans rythme précis, au sommet d’un vieux lampadaire. Il regarde ses mains. Il pense à sa mère. Il pense à rien.

Les pensées s’écoulent sans ordre. Son attention se dérobe aux objets usuels. Il sent que quelque chose veut venir, mais ça ne vient pas. Ce n’est pas un souvenir, ni une peur. Ce n’est pas clair. C’est là, tapi, comme un animal dans les broussailles. Il aurait envie de pleurer, mais il ne sait pas de quoi. Il se dit que peut-être, ce qu’il attend n’est pas quelque chose. C’est juste l’instant où il saura enfin quoi attendre.

Et c’est dans cet entre-deux, ce flottement, que l’hypnose devient possible. Non comme une solution. Mais comme un passage. Une manière d’écouter ce qui, enfin, commence à vouloir se dire.

article créé avec la collaboration de Chat GPT d’OpenAI